DECLARATION DES REPRESENTANTS FORCE OUVRIERE de l’ESSONNE à l’Assemblée plénière de la CDCA du 11 juin 2020
Mesdames et messieurs,
Nous espérons que chacun d’entre vous et vos proches n’ont pas été touchés, ni éprouvés par cette pandémie du Covid-19. Et c’est avec une grande satisfaction que nous pouvons à nouveau nous réunir physiquement après ces longs mois de confinement.
Le moment est venu de faire un premier bilan de cette crise sanitaire et d’établir clairement les responsabilités.
Concernant les personnes âgées, notre département est l’un des plus sinistré : fin avril, sur une centaine d’EHPAD, 97 avaient été touchés par l’épidémie et 2 448 résidents avaient été dépistés positifs. Et à la même date, 465 décès avaient été officiellement recensés, soit plus de la moitié du nombre total des décès et encore, n’étaient pas comptabilisés les décès à domicile ou en hôpital gériatrique.
Il y avait déjà 24 morts du Covid-19 à l’EHPAD des Côteaux de l’Yvette à Bures sur Yvette du groupe Korian, 15 à l’EHPAD Léon Maugé de Verrières le Buisson…
Pourquoi un nombre si élevé de victimes dans les EHPAD ?
Voilà ce qu’explique Jean-Marie ROBINE, directeur de Recherche à l’INSERM, spécialiste des questions de vieillissement (c’est un extrait de l’interview donné au magazine Notre temps) : « Les pouvoirs publics ont eu peur de l’explosion de l’hôpital sous l’afflux des patients. Donc en coupant les EHPAD du reste du monde, ils faisaient plusieurs choses : d’abord, les malades dans les EHPAD n’allaient pas surcharger l’hôpital, mais surtout ils ont pu concentrer leurs faibles moyens de protection sur le personnel soignant des hôpitaux. Ils ont tout réquisitionné et ont privé de ce matériel les directeurs des maisons de retraite, les médecins coordinateurs et les personnels qui n’ont donc pas pu protéger les résidents. Or les personnes qui devaient être protégées en priorité, c’étaient eux et pour cela, il fallait que tous ceux qui les approchent soient équipés pour ne pas les infecter. Parce que c’est eux qui pouvaient amener le virus dans les établissements. »
Il en tire la conclusion suivante :
« Quand la Direction générale de la santé annonce le 10 mai : 26 280 décès liés au COVID-19 depuis le 1er mars, et détaille : 16 642 à l’hôpital et 9 738 dans les établissements sociaux et médicaux sociaux, les EHPAD, cela veut dire que 36,9% des malades sont morts en maison de retraite. Mais parmi les morts à l’hôpital, 3 488 sont des résidents d’EHPAD hospitalisés. Donc, quand on agrège les données, la moitié des personnes décédées, 13 226, vivaient en EHPAD. 50,1% exactement au 10 mai. J’en tire comme enseignement que cette présentation arrange le gouvernement, sinon, cela montrerait que les maisons de retraite n’ont pas été protégées ! »
Oui, les maisons de retraite, leurs résidents et leurs personnels soignants n’ont pas été correctement protégés, comme beaucoup d’autres d’ailleurs avec la pénurie de matériel de protection : gants, masques, surblouses et de tests de dépistage… Les personnes âgées les plus fragiles ont été sacrifiées.
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir averti les pouvoirs publics ! Au début de l’année 2019, toutes les organisations syndicales de personnel des maisons de retraites accompagnées de l’Association des directeurs s’étaient rendues à l’Élysée pour alerter sur le manque de médecins, l’insuffisance criante de personnel et de leurs rémunérations.
Il est plus que temps d’en finir avec les politiques d’austérité et de répondre à leurs revendications pour leur donner les moyens de protéger efficacement nos aînés. Pour notre part, nous serons au côté des personnels de Santé lors de la journée nationale de mobilisation du 16 juin et nous vous invitons à vous y joindre.