Ecole et crise sanitaire : n’en faites pas une maladie !

Ecole et crise sanitaire : n’en faites pas une maladie !

La COVID : présente ! Une nouvelle élève s’est invitée dans les écoles de France depuis mai 2020, mais elle n’apparait pas sur les relevés de présence, surtout pas…  A l’heure où M. Blanquer martèle encore que « notre objectif fondamental est que les écoles restent ouvertes », les enseignants du 1er degré (écoles maternelles et élémentaires) sont toujours en première ligne, sans moyens ni reconnaissance supplémentaire !

Rappelez-vous, en 2020 :  il était admis par le consensus gouvernemental que « les enfants ne transmettaient pas le virus » et que « les écoles ne constitueraient pas de clusters »…Dont acte ! Depuis, les scientifiques ont contredit cette ineptie digne de la méthode Coué et nombre d’élèves ont véhiculé et transmis le virus Delta puis Omicron à leurs enseignants ou leur famille !

Aujourd’hui, où en est-on ? Depuis septembre 2020, les enseignants sont en service toute la journée (ouverture et fermeture de l’école, récréations séparées, surveillance des toilettes et des couloirs) pour assurer le respect du protocole sanitaire…Dans tous les médias on affirme que tout va bien puisque les élèves respectent les distances d’1 mètre dans les classes, de 2 mètres à la cantine, qu’ils ont des masques et qu’ils se lavent les mains, que les brassages sont habilement évités !! Mais qui peut croire ça ? Sûrement pas les parents, lassés et désabusés par toutes ces manipulations médiatiques autour de l’école ! Certainement pas les enseignants à qui on demande sans cesse de faire des efforts sans plus de reconnaissance et dans le déni des risques qu’ils prennent eux aussi pour que « ça tienne ! »

Car c’est bien de ça dont il s’agit : les écoles ne DOIVENT PAS FERMER ! Mais sans aucun moyen supplémentaire déployé pour garantir ce « bien-être » forcé des élèves ! Dans mon école de l’Essonne, on ouvre les fenêtres plusieurs fois par jour mais il y a des travaux depuis 2 ans et le bruit des marteaux-piqueurs et souvent le froid nous les font vite refermer pour travailler dans de « bonnes » conditions… On nous a donnés 4 masques en tissu trop épais pour être compatibles avec le métier oral de notre profession, chacun achète donc ses masques (comme son ordinateur, ses cartouches d’encre et son papier !) ; les sureffectifs dans les classes n’autorisent pas la distanciation requise d’un mètre ; les enseignants malades ne sont plus remplacés (faute d’un véritable bassin de remplaçants sur toute l’académie de Versailles en mal de volontaires !) et leurs élèves restent à la maison, avec ou sans aide des parents pour assurer la continuité pédagogique… Le personnel municipal d’entretien des écoles en est à son 3ème jour de grève depuis septembre : ils n’ont pas les moyens humains de nettoyer correctement les classes et sont épuisés par la surcharge de travail.

Mais de quoi se plaint-on ? Castex affirme que nous sommes « choyés » ! Le gouvernement est « fier » de ses enseignants ! Moi, j’ai mal à mon école depuis quelques années déjà car la crise sanitaire n’est qu’un révélateur de la maltraitance  de l’Education Nationale vis-à-vis de ses fonctionnaires : la dégradation des conditions de travail est constante. Elle conditionne pourtant la réussite et l’épanouissement des élèves de tous âges !

Si l’école est malade, les élèves aussi, le système aussi, la société aussi… C’est comme un virus dont on connait pourtant l’antidote :

des postes d’enseignants supplémentaires et pas seulement dans les REP

des effectifs de classe réduits à 20 partout en France pour favoriser la différenciation et enfin réussir à gérer l’hétérogénéité de nos classes où l’inclusion systématique d’enfants handicapés fait des ravages

Le recrutement d’AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap) formés et professionnels avec un VRAI salaire (actuellement 700 euros par mois pour 24h/semaine)

un réseau d’aide aux enfants en difficultés (RASED) réhabilité dans toutes les écoles avec de vrais maîtres spécialisés formés comme auparavant

une revalorisation salariale des enseignants dont le salaire est gelé depuis 2010

l’arrêt des pressions et du flicage permanents de notre hiérarchie qui fonctionne de plus en plus comme une entreprise privée qui « manage » ses agents….

400 millions ont été économisés en 2020 et 2021 sur le dos des profs : à chaque fois, Blanquer n’a pas jugé utile de verser la totalité du budget…  400 millions c’est 8000 postes d’enseignants dans un budget qui supprime 1800 postes dans le 2nd degré ! C’est aussi la revalorisation promise aux enseignants l’an dernier (et toujours pas versée à ce jour !). Largement médiatisée en revanche, la prime informatique de 150 euros allouée en février 2021. Merci Mr le ministre : 12 euros par mois (imposable !) pour garantir l’achat, le fonctionnement et l’entretien de mon outil de travail, c’est comment dire… ? Une aumône, monseigneur !

L’omerta sur ce virus (et tout ce qui le concerne de près ou de loin) est révélateur de tout le tissu de mensonges qui encercle le monde de l’école aujourd’hui : il faut se taire sur l’état moral des profs, sur leurs appels au secours  depuis des décennies, sur les directeurs-trices surchargés de responsabilités chronophages et justiciables, sur les échecs successifs des gouvernements à rétablir une réelle égalité des chances et un avenir professionnel pour tous, sur leur propension à consommer et à vouloir des résultats, à tous prix, même celui des mensonges et de la démagogie…

Où est passé l’intérêt de l’enfant là-dedans ? La maltraitance de l’institution n’a pas de limite, tout comme le virus de la COVID n’a pas de frontières… J’aimerais être vaccinée contre le pessimisme et  l’injustice sociale qui gangrène peu à peu notre société….

A nous, enseignants de tous âges, de reprendre en main notre destin de « hussards de la République », de faire tomber le masque de la médiocrité de nos dirigeants ! L’indignation et le refus des compromis  restent notre fierté et notre seul moyen de sauver l’école et ses valeurs. Ce combat d’éveil des consciences est celui du SNUDI-FO ou de tout citoyen encore éclairé et encore capable de s’indigner.

extrait du journal « LE SYNDICALISTE » de l’UD FO 91, disponible à cette adresse :

https://www.udfo91.fr/download/le_syndicaliste_fo_91/Journal-mars-2022-BD.pdf