École inclusive en Essonne, recevoir selon ses besoins… – AESH

École inclusive en Essonne, recevoir selon ses besoins… – AESH

C’est souvent au moment de l’entrée à l’école maternelle que le handicap des enfants est révélé.

Et, c’est cette même école qui se voit désormais débordée par toutes ces situations où la violence de ces enfants en souffrance est prise en charge à retardement.

Pour vous donner des chiffres, dans notre département, ce sont 844 élèves sur 6500 qui sont toujours en attente d’AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap), ce sont 1610 élèves qui sont en attente de renouvellement.

Mais, ce que ne disent pas ces chiffres, c’est qu’une AESH suit en moyenne 5 élèves, soit 4 heures par élève sur une semaine de 24 heures…

Pour compléter ce tableau, il faut également préciser qu’il manque en Essonne 10 médecins scolaires, 6 assistantes sociales, 8 infirmières…

La question des salaires et des conditions de travail n’est jamais loin et on ne peut pas s’étonner du manque d’attractivité de notre « beau » métier d’enseignant !

Voici le témoignage de l’une de nos collègues AESH en Essonne qui nous explique son quotidien :

AESH en ULIS « Troubles cognitifs » (ULISUnité Localisée pour l’ Inclusion Scolaire) dans une école élémentaire située en REP (Réseau d’ Éducation Prioritaire) depuis presque 5 ans, je suis seule avec la professeur des écoles non spécialisée (c’est à dire sans formation spécifique) pour 12 enfants. Parmi ces 12 enfants, 8 sont en attente de place en institut spécialisé (IME, ITEP, SESSAD…) pour l’année 2023-2024 . Les profils vont de l’enfant « dys » (par exemple dyslexie, dyscalculie, dysothographie, dysgraphie…) à l’enfant autiste ultra violent que l’on doit maintenir physiquement pour sa propre protection et celle des autres élèves, en passant par celui qui s’échappe plusieurs fois par jour et qui refuse tout travail, ou l’enfant mutique ou celui qui ne communique qu’en non verbal mais aussi le déficient intellectuel…

Lorsque j’ai débuté en 2019, jamais je n’aurais imaginé à quel point la situation dans l’école allait se dégrader et que j’allais rejouer sans fin un remake de « Vol au-dessus d’un nid de coucou » ou pour une génération plus récente dans la classe de Dewey dans la série « Malcolm ».

L’école inclusive systématique est catastrophique : Combien d’élèves n’ont pas de soins par manque de professionnels de la santé ? Combien n’ont pas de soins par le refus des parents de reconnaître le véritable handicap de leur enfant ? Et combien n’ont pas d’accompagnement en classe car la mutualisation organisée par les PIAL (Pôles Inclusifs d’ Accompagnement Localisés c’est à dire la gestion des affectations des AESH) fait que les heures auxquelles des enfants ont droit ne sont pas respectées et sont réduites à peau de chagrin.

Combien d’inclusions en classe de référence souvent irréalisables tant l’écart entre le niveau de la classe et celui de l’enfant est immense : en effet, un enfant avec la capacité intellectuelle de l’âge de 3 ans a-t-il sa place dans une classe de CM1 ? Pour beaucoup trop d’enfants, ces heures n’ont aucun intérêt et représentent une énorme perte de temps. Aucune formation n’est proposée alors qu’il est évident que nous avons besoin de l’aide de spécialistes de la santé au vu des profils si différents et parfois gravissimes que l’on peut rencontrer. Au mieux nous avons des invitations à des « Cafés AESH » qui ne sont que des temps d’échange entre AESH et qui ont lieu en dehors du temps scolaire. Si formation il y avait, il faudrait qu’elles soient reconnues et certifiantes afin d’obtenir des qualifications supplémentaires et qui vont de soi avec des augmentations salariales. Dans la mesure où les temps sont plutôt à la fermeture des établissements médico-sociaux, les conditions de travail vont continuer de se dégrader. – Les enfants continueront à être maltraités : je pense tout particulièrement à un enfant qui refusait de rentrer dans la classe, préférant rester allongé sur le carrelage du hall d’entrée en attendant des heures durant, le moment où sa maman viendrait le chercher. Je pense aussi aux autres élèves de l’école qui peuvent être perturbés par ces inclusions dans leurs classes d’enfant porteur de handicap. – Les AESH continueront à être maltraitées : je pense à toutes celles qui se font frapper, griffer, cracher dessus et qui s’entendent dire par leur hiérarchie « oui, il y a des enfants violents et c’est dommage… ». Et tout cela pour un salaire de misère qui les maintient dans la précarité. – Les enseignants continueront à être maltraités : je pense à ceux qui endurent des cris, des pleurs toute la journée…

Le SNUDI FO 91 ne peut cautionner l’inclusion systématique des élèves à besoin particulier. Car elle ne se fait ni dans l’intérêt de ces élèves ni avec les moyens nécessaires. Les élèves à besoin particulier sont sacrifiés et l’État ment aux familles. Les groupes classes sont sacrifiés, les collègues sont sacrifiés. L’unique but de cette inclusion systématique est de réaliser une économie financière pour un résultat catastrophique. Il ne faut pas confondre équité et égalité. Si ces élèves ont plus de besoins, il faut leur accorder plus de moyens.

NON ! Nous ne sommes pas contre l’inclusion mais contre la systématisation de l’inclusion, sans moyen, sans formation et à marche forcée sous le diktat d’un plan de finances qui voudrait faire toujours plus d’économies sur les dos des enfants et de leur famille !

Oui à la scolarisation adaptée aux besoins des élèves à besoins particuliers, en milieu ordinaire chaque fois que c’est possible, mais en établissement spécialisé chaque fois que nécessaire !

STOP à la maltraitance, STOP à la culpabilisation

STOP à la mise en danger des personnels et des élèves

Tous en grève et en manifestation à Paris le jeudi 25 janvier 2024 !

Le SNUDI FO 91 considère que la situation de maltraitance des élèves et des personnels confrontés au non-respect des notifications de la MDPH et au manque de soins et de moyens ne peut plus durer.

La détresse des élèves, des familles et des personnels crée des souffrances morales, physiques et psychologiques, génère des tensions. Le non-respect des besoins des élèves, place souvent les personnels dans des situations de maltraitance qui sont insupportables. La situation est aussi dramatique en pédopsychiatrie, CMP, hôpital de jour, USISEA, urgences…

Avec l’acte 2 de l’école inclusive le gouvernement instaure les Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) en lieu et place des PIAL et donne désormais à L’Éducation Nationale prérogative pour évaluer et donc pour définir les besoins de chaque enfant en situation de handicap. Le payeur devient donc aussi le prescripteur. Il est clair que ce seront les moyens disponibles, d’ores et déjà bien insuffisants, qui conditionneront les prises de décision et non pas les besoins des élèves.

Avec l’acte 2 de l’école inclusive le gouvernement prévoit de liquider toutes les structures et classes spécialisées restantes au nom d’une inclusion à marche forcée et de demander aux collègues d’adapter la pédagogie censée se substituer aux soins manquants aux élèves. En bref, la solution du ministère à la situation intenable repose toujours sur des moyens insuffisants et désormais uniquement sur des adaptations pédagogiques ou sur la formation des enseignants.

La pédagogie ne peut se substituer aux soins !


Le SNUDI FO 91 avec sa fédération
appellent à la grève et à la mobilisation
à Paris en direction du ministère
le jeudi 25 janvier 2024 !


Extrait du Journal de l’UD FO 91 « Le Syndicaliste » décembre 2023

https://www.udfo91.fr/download/le_syndicaliste_fo_91/Journal-decembre-2023-BD.pdf