Essonne : Par la grève, les agents du lycée Doisneau obtiennent de premières avancées

Essonne : Par la grève, les agents du lycée Doisneau obtiennent de premières avancées

Après 4 jours de grève, et soutenus par une mobilisation massive, les agents d’entretien, de la restauration et du service informatique du lycée professionnel Robert Doisneau ont obtenu de la région des renforts pour pallier le sous-effectif. Tout n’est pas réglé cependant et s’ils ont suspendu la grève le 14 mars, ces personnels préviennent que ce conflit ne sera terminé que lorsque les engagements pris seront respectés.

Il aura fallu quatre jours de grève pour que les personnels du lycée professionnel Robert Doisneau à Corbeil Essonne soient enfin entendus par le conseil régional. A partir du 8 mars, les 36 agents chargés de l’entretien, la restauration mais également des supports informatiques, se sont mobilisés pour dénoncer un manque d’effectif et une surcharge de travail, afin d’alerter leur employeur : la Région.

Au plus fort de la grève, jeudi 10 mars, la totalité des agents étaient mobilisés dès le matin devant le portail fermé du lycée. Des enseignants sont venus avec eux, en soutien, de même que des parents d’élèves. Si le lycée n’était pas bloqué, de nombreux élèves sont restés dehors avec eux, raconte Christophe Le Comte, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Essonne. Une pétition en ligne a été signée par plus de 800 personnes.

Manque de postes dans un des plus grands lycées de la région

Depuis juin 2021, il manque sept postes qui n’ont pas été remplacés, explique Thierry Dejean du Snetaa FO 91. Déjà en temps normal, il y avait trois postes en moins, donc, au total un manque de 10 postes. Cela alors qu’à la suite de la rénovation du lycée, il y a désormais 4 200 m2 de surfaces en plus à entretenir, ce qui représente 36 salles supplémentaires ! Dans ce contexte, les agents étaient à bout psychologiquement mais aussi physiquement. D’autant que la plupart d’entre eux ont plus de 56 ans, et l’on parle de tâches qui sont pénibles. Lorsque l’on nettoie une salle de classe, il faut mettre les chaises sur les tables, laver le tableau…En raison de leur état de santé, plusieurs agents se sont vu préconiser des restrictions professionnelles par la médecine du travail.

Conséquence du sous-effectif, le protocole de nettoyage renforcé en raison du Covid-19 n’a pu être assuré à partir du 30 novembre, ainsi que l’a communiqué la direction de l’établissement. Un protocole allégé a été mis en place dans cet établissement qui accueille 2 800 élèves et emploie plus de 300 agents, c’est l’un des plus grands de la région. Un droit d’alerte a été notifié en décembre 2021. En tout, les agents ont tenté d’alerter la Région trois fois : en juin, octobre et décembre. Sans aucune réaction, déplore Olivier François, secrétaire général du syndicat des personnels FO de la Région Île-de-France. Pire encore, il était question de supprimer davantage de postes !

Alors que l’administration du lycée demande, depuis deux ans, que les effectifs d’agents soient réévalués, la région a envoyé en janvier 2022 son diagnostic. Ce document évoque une diminution de la surface totale utilisée dans l’établissement et propose une durée de nettoyage de 8 min par salle de classe… La conclusion de ce diagnostic de la région est affligeante : non seulement les 7 postes qui devraient être remplacés ne le seront pas, mais en plus la région déclare qu’il y a 3 postes en trop au lycée Doisneau et qu’elle envisage donc à terme la suppression définitive de 10 postes d’agent sur le lycée, indiquait la pétition.

Une mise en situation de danger

Face à la mobilisation, la Région a finalement réagi et une délégation, comprenant 4 agents, 4 enseignants et Olivier François, a finalement été reçue le 14 mars. Toutefois, c’est ce refus antérieur de rencontre qui a donné lieu à la grève, rappelle Thierry Dejean. La mobilisation a occasionné des perturbations importantes : il n’y avait personne pour assurer l’accueil, la restauration était fermée et l’entretien n’était pas assuré. La fermeture du service de restauration, qui accueille chaque jour plus de 1 000 demi-pensionnaires, a contraint ces derniers, y compris les plus fragiles économiquement, à trouver d’autres moyens pour se restaurer.

Par ailleurs, les personnels et élèves ont été mis en situation de danger puisque, le mardi et mercredi, la sécurité au niveau de la centrale incendie n’était plus assurée en continu, souligne le secrétaire départemental du syndicat des professeurs de lycée professionnel FO. Le 10 mars, plutôt que de venir négocier avec les agents, la Région a missionné 12 agents de sécurité SSIAP, c’est-à-dire des personnes issues d’une société privée.

Déjà des avancées non négligeables

Finalement, lors de l’entrevue entre la délégation et la Région, les agents du lycée Doisneau ont obtenu quelques avancées. Le poste d’agent de maintenance en informatique a été reconnu comme nécessaire et un autre poste sera ouvert. Toutefois, ce deuxième poste correspond au remplacement d’un départ, précise Thierry Dejean. En conséquence, cela ne correspond pas à une augmentation des effectifs pour les agents de maintenance.

Deux autres postes seront pourvus, l’un pour le service général et l’autre en cuisine avec la fonction de magasinier, dans l’attente du recrutement, ces postes sont assurés par des intérimaires depuis le 17 mars, précise Olivier François. Il a aussi été promis de réévaluer la situation des 16 agents ayant des restrictions médicales : la Région s’est engagée à ce qu’ils soient convoqués par le médecin du travail et de proposer en conséquence des postes supplémentaires.

Ce conflit n’est pas terminé tant que les engagements ne seront pas respectés

Sur les 10 postes manquants au service général, qui assure l’entretien des locaux, seul un n’a pas été effectivement créé. Si ces avancées demeurent loin du compte, elles ne sont pas négligeables, estiment les militants FO. Si la grève a été suspendue le 14 mars, à l’issue d’une assemblée générale, le préavis est maintenu.

Pour Force Ouvrière, la Région est responsable de cette mobilisation et des perturbations occasionnées puisqu’elle a été plusieurs fois alertée sur le sujet. En conséquence, nous refusons toute retenue sur salaire qui pourrait nous être imputée pour cette grève, indique le syndicat.

Nous restons prêts à nous mobiliser, souligne Thierry Dejean. Ce conflit avec la région Île-de-France n’est pas terminé tant que les engagements pris par la région ne seront pas tous respectés. En conséquence nous restons mobilisés et demandons à tous les personnels du lycée, aux parents d’élèves et aux élèves de rester mobilisés à nos côtés, indique FO dans un communiqué. Olivier François constate un effet boomerang dans d’autres lycées d’Île-de-France, eux aussi affectés par le manque d’agents.

Si les gains de postes et de meilleures des conditions de travail sont actés pour le lycée Doisneau, cela pourrait ouvrir la voie à des améliorations aussi dans d’autres lycées de la région.