Faculté des Métiers de l’Essonne : le malaise du personnel à l’aube des 20 ans – extrait du journal de l’UD FO 91

Faculté des Métiers de l’Essonne : le malaise du personnel à l’aube des 20 ans – extrait du journal de l’UD FO 91

Faculté des Métiers de l’Essonne :

pour un rééquilibrage essentiel entre performance et reconnaissance

Depuis bientôt vingt ans, la Faculté des Métiers de l’Essonne (FDME), association loi 1901, implantée sur les sites de Bondoufle, Évry et Massy, s’est imposée comme le plus grand centre de formation en alternance du sud francilien. Avec sa diversité de cursus couvrant les secteurs de l’artisanat, de l’industrie et du tertiaire, elle représente un levier stratégique pour l’emploi et le développement économique local. Pourtant, derrière cette réussite apparente, le personnel dénonce une situation sociale de plus en plus précaire, marquée par un sentiment profond d’injustice.

 


  1. L’impact durable d’un PSE traumatisant

En 2012, la FDME a subi un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui a profondément fragilisé la confiance du personnel envers la Direction. Beaucoup s’accordent à dire que ce PSE, perçu comme un « traumatisme », a laissé des séquelles durables : salaires gelés jusqu’en 2017, restructurations, incertitudes quant à l’avenir. Ainsi, la reprise économique post-PSE n’a jamais vraiment permis de compenser les efforts consentis ni de rétablir un climat social serein.

 

  1. Des augmentations de salaire dérisoires face à l’inflation

Après plusieurs années de gel, le dispositif d’augmentations générales mis en place depuis 2017 est jugé insuffisant au regard de la flambée des prix.

  • 2017 : 1%
  • 2019 : 1,5%
  • 2020 : 1,70 % pour les « non cadres » (Niveaux I à V), 1,30 % pour les cadres en Position I et II, et seulement 1 % pour les cadres en Position III.
  • 2021 : 1,10 % d’augmentation générale.
  • 2022 : de 0,50 % à 2,30 % selon les tranches de salaire.
  • 2023 : 1,6 %.
  • 2024 : 1,3 %
  • 2025 : 1,1 %.

Si ces revalorisations peuvent paraître régulières, elles sont constamment rattrapées par une inflation galopante : entre 2022 et 2024, l’inflation cumulée atteint 12,8 %. Les Primes de Partage de la Valeur (PPV) allouées (1500 € en 2022, 1200 € en 2023, 1000 € en 2024) ne permettent pas de compenser durablement cette hausse des prix. Résultat : nombreux sont les salariés qui peinent à faire face à leurs dépenses essentielles, tandis que quelques postes de direction afficheraient des salaires comparables – voire supérieurs – à ceux de députés français.

Ce constat souligne la nécessité d’un équilibre financier qui tienne compte de la qualité de vie des salariés. Ce sont eux qui assurent le bon fonctionnement pédagogique et administratif du centre. Sans une politique salariale cohérente et équitable, la motivation et la stabilité du personnel sont inévitablement compromises.

  1. Des conditions de travail sous tension et dégradées

Parallèlement aux revendications salariales, les témoignages de formateurs et de personnels administratifs mettent en lumière une dégradation continue des conditions de travail :

  • Classes surchargées, au nom de l’inclusion systématique et de la logique de rentabilité.
  • Conciliation vie privée / vie professionnelle de plus en plus complexe car le personnel est constamment sollicité le soir, le week-end.
  • Alourdissement des tâches administratives (exigences Qualiopi, absence de sélection, etc.).
  • Gestion de groupe et ou d’individus de plus en plus difficile liée à des violences verbales et physiques complexes.
  • Manque de personnel à tous les niveaux pour les non-cadres (formateurs, administratifs, équipe socio-éducative …) rendant les tâches de plus en plus anxiogènes.
  • Manque de reconnaissance de l’engagement quotidien des équipes.

 

Malgré ces obstacles, la FDME affiche encore un taux de réussite de 78 %, en 2024. Toutefois, cette performance repose de plus en plus sur la bonne volonté et l’implication sans faille des salariés, qui craignent de ne pouvoir maintenir un tel niveau d’exigence si la dégradation des conditions de travail se poursuit.

Ici, la corrélation entre la qualité de la formation et le bien-être du personnel est évidente. À terme, l’épuisement professionnel et le turn-over risquent d’affecter négativement les résultats de la Faculté, et donc son attractivité.

 

  1. Pour une reconnaissance à la hauteur des ambitions

 

La FDME se veut un acteur majeur de la formation en alternance : c’est un fait indéniable. Toutefois, cet objectif doit s’accompagner d’une politique de ressources humaines équilibrée. Les salariés ne demandent pas le superflu, mais une rémunération et des conditions de travail en adéquation avec l’ampleur de leurs responsabilités. Ils réclament ainsi :

  • Une revalorisation salariale qui prenne en compte l’inflation réelle.
  • Une meilleure répartition des ressources, particulièrement entre la Direction et les équipes pédagogiques, administratives et socio-éducative.
  • Une gestion des effectifs et une organisation de travail raisonnables, respectant à la fois la qualité de la formation et la santé des formateurs.

 

  1. Appel à la concertation et à la justice sociale

 

Les salariés de la Faculté des Métiers de l’Essonne ne remettent pas en cause la nécessité de l’efficience économique ou la poursuite d’objectifs ambitieux. Ils exigent simplement que l’humain soit replacé au cœur du projet. À l’heure où l’institution célèbre ses 20 ans, il est crucial d’entendre leurs revendications pour bâtir un avenir plus solide, tant pour les apprenants que pour ceux qui les accompagnent.

En somme, il n’est ni souhaitable ni tenable de laisser s’installer un fossé entre une minorité privilégiée et une majorité de salariés en difficulté financière. L’équité salariale, l’amélioration des conditions de travail et la reconnaissance du rôle clé joué par le personnel forment la meilleure garantie pour pérenniser la réussite de la FDME. Au-delà d’une simple revendication, c’est tout l’avenir du plus grand centre de formation en alternance du sud francilien qui est en jeu.

 

 L’intégralité du journal se trouve : https://www.udfo91.fr/download/le_syndicaliste_fo_91/Journal-mars-2025-BD.pdf