Il faut sauver le service du contrôle médical pour sauver la Sécu

Il faut sauver le service du contrôle médical pour sauver la Sécu

La Sécu n’est pas simplement attaquée. Elle fait face à une offensive de destruction qui connaît une accélération phénoménale ces dernières semaines.

En nommant le gouvernement Barnier, Macron s’est délibérément assis sur ce qui s’est exprimé dans le résultat des élections législatives, c’est-à-dire le rejet de sa politique, le rejet de toutes les mesures prises depuis des années contre les travailleurs et la jeunesse. Il entend, en réalité, continuer et approfondir cette politique, ne rien céder aux revendications et ne surtout pas laisser faire l’abrogation de la réforme des retraites.

Un plan d’attaque en règle

C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’offensive menée contre la Sécurité Sociale, illustrée désormais par le plan destructeur annoncé par Barnier de 60 milliards d’euros d’économies pour 2025. Pour assurer ce résultat, 15 milliards doivent être pris sur les comptes de la Sécurité sociale, avec notamment l’objectif d’économiser 600 millions d’euros sur les indemnités journalières (IJ) en abaissant le plafond retenu pour leur calcul.
Mais de quoi ce gouvernement fragile, déjà rejeté, a-t-il besoin pour aller au bout de la destruction de la Sécurité sociale ? Comment peut-il mener jusqu’au bout sa politique de remise en cause des arrêts de travail ou encore son plan contre les affections longue durée (ALD), fondement de la Sécurité sociale ?
La réponse est sous nos yeux : il a besoin de mettre en œuvre ce que la CNAM1 a annoncé le 18 septembre, c’est-à-dire la « transformation » du service du contrôle médical – le mot « transformation » étant la façon pudique de dire « disparition » – par le fait de fondre le service du contrôle médical et ses activités dès le printemps 2025 dans les CPAM qui, par ailleurs, sont déjà à l’os du point de vue des effectifs et des tâches à réaliser.

S’attaquer au service médical et à ses personnel, c’est faire sauter la clé de voûte de la Sécurité Sociale.

Le cheval de Troyes du service médical

Cette offensive brutale a une signification simple : s’attaquer au service médical et à ses personnels, c’est faire sauter la clé de voûte de la Sécurité sociale.
C’est abattre toutes les digues pour la submerger. Si le service médical est indépendant, c’est pour que les besoins commandent les moyens, et que ce soit l’état de santé des assurés qui soit déterminant et non des critères comptables et financiers. Et ceci pour toutes les décisions prises en matière de prolongations d’indemnités journalières, de prise en charge à 100 % au titre d’une ALD, ou encore d’attribution d’une pension d’invalidité.
C’est pour qu’on ne puisse pas, par exemple, considérer que comme il y aurait trop de cancéreux ou de diabétiques, et comme cela coûterait trop cher, on pourrait refuser un certain nombre de prises en charge au titre des ALD, au motif que tel ou tel assuré serait, après tout, responsable de sa maladie, parce qu’il aura, au cours de son existence, fumé, bu ou adopté tout autre mode de vie « néfaste ». Très clairement, à partir du moment où le service du contrôle médical (qui prend les décisions), ne sera plus indépendant des organismes payeurs (les CPAM), il sera soumis aux pressions budgétaires, à la politique d’austérité, aux restrictions…

3 octobre : un mot d’ordre, retrait du plan

On comprend donc très bien pourquoi le Gouvernement, voulant en finir avec les IJ et les ALD, souhaite voir disparaître le service du contrôle médical.
Face à ce plan, très vite a surgi la nécessité d’organiser la riposte, qui a abouti à l’appel à la grève du 3 octobre dans l’unité des organisations syndicales FO, CGT et CGC avec un seul mot d’ordre : retrait du plan ! Aucun aménagement possible ! Et c’est ce qu’ont dit les collègues des services médicaux avec leurs organisations syndicales lors des rassemblements qui ont eu lieu le 3 octobre devant la CNAM et les directions régionales. Cette grève a été majoritaire au service du contrôle médical avec également des CPAM en grève ou encore des délégations d’agents de CARSAT2 dans les rassemblements.

Un service du contrôle médical qui ne sera plus indépendant des organismes payeurs sera soumis aux pressions budgétaires, à la politique d’austérité, aux restrictions.
Notre affaire à tous
Le 3 octobre n’était pas une grève pour témoigner dans le siècle : depuis, il y a eu le 7 octobre et la grève des infirmières du service médical. Il y a la volonté de développer le rapport de force, d’élargir la grève, de bloquer le Gouvernement, de les faire reculer.
Une évidence s’impose : l’enjeu de ce combat n’est pas simplement l’affaire des personnels des services médicaux.
C’est aussi l’affaire de tous les agents de la Sécurité sociale, et au-delà, celle de tous les assurés. C’est notre affaire à tous. C’est aussi l’affaire de toute l’organisation Force Ouvrière parce que la disparition du service médical signifierait la fin de la Sécu et de ses organismes à brève échéance. Ce qui est en jeu dans l’immédiate période qui vient, c’est de combattre pour sauver la Sécu.
C’est le sens de la motion (1) adoptée
à l’unanimité du Conseil National
de la FEC des 24 et 25 octobre,
qui se termine ainsi : « Le Conseil
National invite tous les syndicats
à informer largement les syndiqués
et encore plus largement
les salariés, du grave danger
immédiat que fait peser ce plan
sur l’existence de la Sécurité
sociale de 1945. »

Article issu du journal DEBOUT n°181 de la FEC FO

Frédéric NEAU – Secrétaire de la scction fédéral des organismes sociaux

(1) Caisse nationale d’assurance maladie 2. Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail 3. Retrouvez le texte intégral de la motion :

https://www.udfo91.fr/la-securite-sociale-de-1945-est-en-danger/